Me crois-tu si je te dis que le patin à roulettes existait avant le football (1848), le basketball (1891) et qu’à une période était le sport le plus pratiqué aux Etats-Unis ? C’est difficile à imaginer mais cela est bien vrai ! Et savais-tu que nous devons les chaussures à roulettes à un Belge? Non ?
Le patins a une histoire que je juge, intéressante à partager aux passionnés de ce hobby, aux patriotes, aux fans de culture générale alors laisse-moi te l’expliquer dans ce premier article !
Le belge derrière le premier modèle de patins
Jean-Joseph Merlin (1735-1803) a inventé la toute première paire de patins à roulettes en fixant deux rouleaux en métal sous une plaque de bois. A cette époque, les roues sont alignées (on appelle cela des patins inlines) mais les patins n’avaient pas de freins et il était difficile d’y tenir en équilibre. On raconte que lors d’un bal masqué, Monsieur Merlin aurait tenté de patiner tout en jouant du violon mais aurait terminé sa course dans un miroir, cassant son instrument et se blessant (Ouch !).
James Plimpton, l’inventeur des quads
Après sa mort, l’inventeur américain, James Leonard Plimpton (1828-1911), crée en 1863, les premiers quads, les patins aux deux rangées de roues (NB: c’est le modèle dont il sera principalement question sur ce blog).
Plimpton ne s’arrête pas là : il fabrique des patins en grande quantité pour répondre à la demande, crée la première association de patins à roulettes à New-York, ouvre la première piste de patinage en 1866 et offre des leçons durant les années 1870 !
La popularisation
Par la suite, les pistes sont devenues si populaires, qu’elles concurrençaient les salles de balles. Dans les journaux, que ce soit à Paris ou à Londres, on évoque « la folie sur roue » et « les rinkomaniacs« . Et les pistes se multiplient autour du monde, chaque ville majeure disposant de sa propre piste ; il est estimé qu’en 1880, Londres recensait 70 pistes, 40 pour Paris tandis que New-York en possédait au moins 20.
L’ampleur de ce sport émergeant était telle que plusieurs articles scientifiques en parlent comme Scientific American en 1885 et le British Medical Journal en 1913 qui écrivent que le patin est « sans-danger » et représente une bonne forme d’exercice. Ils notent également que patiner sur de la musique facilitait le patinage et encouragent les pratiquants à finir leurs sessions en étant transpirant afin d’en tirer un maximum de bénéfices.
A partir des années 1910, les inventeurs promouvaient l’utilisation des patins pour se rendre au travail mais aussi les patins comme moyens de transport pour les soldats (SPOILER ALERT : l’une des deux idées n’a pas décollée).
Le patin est même présent au cinéma grâce au film muet The Rink (1916) de Charlie Chaplin, qui est disponible en entier sur Youtube mais que je vous ai également partagé ici (de rien !)
L’âge d’or du patin
Autour de la Grande Dépression et de la Seconde Guerre mondiale, le patinage était le sport le plus pratiqué aux Etats-Unis avec 5000 pistes de patins à travers le pays et 18 MILLIONS de patineurs (c’est plus que TOUTE LA BELGIQUE, rends-toi compte !) et les matchs de roller derby sont retransmis à la télévision chaque semaine.
Vers 1950, l’apparition des freins à l’avant, facilite le ralentissement et l’arrêt. Les roues en bois sont abandonnées au profit de roues tant en métal et de caoutchouc avant que les roues polyuréthane, plus adhérentes, deviennent la norme et contribuent à l’explosion du roller-disco dans les années 70.
La ségrégation
Comment retracer l’histoire du patins sans mentionner une période importante ? Dès leurs ouvertures, les pistes de patinage ont contribué au racisme existant à cette époque en interdisant leur accès aux personnes noires.
Nous connaissons tous, enfin j’espère, le célèbre discours de Martin Luther King Jr à Washington DC, celui qui commence par « I have a dream… ». Cependant saviez-vous qu’un homme a fait le déplacement en patins pour pouvoir y assister ? C’est une info banale si on omet de préciser que « roller man » comme il est surnommé, venait de Chicago, à 1102 kilomètres de là !
Pour ceux qui comme moi, n’ont pas le compas dans l’oeil, je vous ai mis une carte pour vous aider à imaginer.
Si malgré la carte, vous avez du mal à vous représenter l’énome distance, prenez en compte ceci : Paris est à 352 km de Bruxelles, Marseille à 944km, Milan à 935 km et Oslo à 1282 km.
La seule personne que je pense capable de marcher une telle distance est l’influenceur Raphiquii_ qui a déjà été à Rome et jusqu’au cercle polaire articque à pieds !
Ledger a quitté Chicago le 17 août 1963, patinant dix heures chaque jour, pour arriver dix jours plus tard lors de la Marche sur Washington pour l’emploi et la liberté.
Un exploit que l’on ne peut que saluer lorsqu’on prend en compte la qualité des patins de l’époque qui était inférieure à ceux d’aujourd’hui et l’absence de GPS ou de baladeurs (l’ancêtre du MP3 et de l’Ipod pour les personnes nées après 2006) qui n’étaient inventé qu’une dizaine d’années plus tard.
Même après le Civil Rights Act de 1964, loi mettant fin à toutes formes de discriminations et de ségrégations basée sur la race, la couleur, la religion, le sexe ou le pays d’origine, certaines pistes ont entretenu cette ségrégation en créant des soirées « urbaines » ou « adultes » destinées patineurs noirs.
Depuis, la communauté de patineurs noire des Etats-Unis s’est bien réappropriée ce sport et a crée différents styles de patinage : JB skating, Jam skating, rythym skating, … (Je pourrais en parler dans un autre article).
Je vous recommande de regarder le documentaire « United Skates » (2019) réalisé par la chaîne américaine, HBO sur le lien entre le patinage et la culture afro-américaine. Il est disponible en streaming pour ceux que cela intéresse, je vous ai mis la bande d’annonce pour vous donner envie de le voir.
Je connaissais déjà ce reportage avant de faire mes recherches sur cet article, mais je ne l’avais jamais vu. Je l’ai visionné après avoir écrit cet article. Je l’ai trouvé excellent. J’ai été si émue et inspirée par les différents intervenants que j’ai fini le documentaire avec les larmes aux yeux et la chaire de poule.
Je trouve que les réalisatrices, Dyana Walker et Tina Brown, ont bien mis en avant la culture du patins, ce qu’elle implique et les valeurs que nous prônons au sein de cette communauté : la passion, le partage, l’amitié, l’amour, la résilience, etc.
Je me suis particulièrement attachée à la famille
Et les inlines alors ?
Les patins aux roues alignées, les inlines ou les rollerblades, ont fait leur comeback dans les années 80 lorsque le joueur de hockey Scott Olson ( à droite sur la photo) crée les patins aux roues en ligne tels que nous les connaissons aujourd’hui pour imiter ses patins à glace et continuer de patiner durant les beaux jours.
Conclusion
Vous l’aurez donc compris, le patin à roulette est présent dans notre société depuis presque 200 ans et a su conserver sa popularité à travers les époques. Dès le dix-neuvième siècle, les médecins encourageaient les gens à patiner ! Alors, quand est-ce que tu t’y mets ?
Sources
Delforge, P. (s.d). Merlin Jean-Joseph. consulté le 7 décembre 2024 à l’adresse https://connaitrelawallonie.wallonie.be/fr/wallons-marquants/dictionnaire-des-wallons/merlin-jean-joseph
Terry, R. (2020, septembre 7). The History Behind the Roller Skating Trend. consulté le 7 décembre 2024 à l’adresse https://daily.jstor.org/the-history-behind-the-roller-skating-trend/
National Museum of Rollerskating. (s.d). The Father of Modern Rollerskating. consulté le 7 décembre 2024 à l’adresse https://www.rollerskatingmuseum.org/the-father-of-modern-roller-skating
U.S Department of Labord. (s.d). Legal Highlight : The Civil Rights Act of 1964. consulté le 7 décembre 2024 à l’adresse https://www.dol.gov/agencies/oasam/civil-rights-center/statutes/civil-rights-act-of-1964#:~:text=In%201964%2C%20Congress%20passed%20Public,hiring%2C%20promoting%2C%20and%20firing.